Foire aux questions - Colloque POLLUSOLS - 1er juin 2021

Intervention de C. Le Guern (BRGM) « Constitution de référentiels géochimiques locaux pour les sols et proches sous-sols urbains : de la base de données à l'interprétation géostatistique »

Question de J.M. Triniol (APAVE):

Quel outil géostatistique a été utilisé ?

Réponse de C. Le Guern :

Méthode géostatistique : filtrage géostatistique ou cokrigeage factoriel et RgeoStats pour l'implémentation: http://rgeostats.free.fr/

Question de T. Lebeau (Univ.Nantes) :

Dans l'exemple de l'Ile de Nantes, est-ce que les volumes de terre polluée estimés par l'approche géostatistique ont diminué ?

Réponse de C. Le Guern :

Ce n’était pas l’objet de l’approche géostatistique, qui visait l’établissement d’un fond géochimique. Les calculs de volume ont été effectués par approximation pour évaluer les volumes de terres compatibles (ou pas) avec ce fond.

Question de J.M. Triniol (APAVE) :

Des référentiels sont-ils déjà disponibles pour le périmètre Ile de Nantes, suite à ces travaux ?

Réponse de C. Le Guern :

Pour les référentiels des fonds géochimiques locaux sur Nantes, vous pouvez consulter les rapports suivants : https://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-66013-FR.pdf ; https://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-67138-FR.pdf ; http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-63998-FR.pdf

Remarque de M. Thiombane (RAM-SES) :

Vous avez travaillé sur des données brutes et non log-transformées (log10, alr, ilr, clr) sachant que les données brutes présentent des artefacts, ce qui influencent les résultats.

Réponse de C. Le Guern :

Pour les tests avec les données transformées, je vous invite à consulter le manuscrit de thèse : https://pastel.archives-ouvertes.fr/tel-02310465


Intervention de B. Béchet (Univ.Eiffel-IRSTV) « Impact environnemental d'une ancienne décharge municipale à Nantes - Suivi du transfert de micropolluants depuis le massif de déchets à la Loire »

Question d’Y. Duclos (ADEME) :

Concernant l’atténuation des HAP, qu’en est-il de la formation de composés aromatiques polycycliques (CAP-O) (métabolite oxygénés) ?

Réponse de B. Béchet :

Concernant les CAP, nous n'avons pas regardé ces substances métabolites….merci de la question nous l'intégrerons dans nos perspectives.

Intervention de G. Audrain Demey (ESPI) « L’encadrement juridique des transferts de propriété de sols pollués »

Question de Damien R. :

Et quand la pollution constatée sur un site vient d'un autre site?

Réponse de G. Audrain-Demey :

Des responsabilités civiles (mais aussi pénale dans certain cas) peuvent permettre de se retourner contre la personne à l’origine de la pollution et parfois aussi contre le propriétaire du terrain à l’origine de la pollution initiale, comme par exemple les troubles anormaux du voisinage. Lorsque ni l’acheteur, ni le vendeur n’étaient au courant, la garantie des vices-cachés peut également s’appliquer. Dans ce cas, la responsabilité sans faute du vendeur pourra tout de même être engagée sur ce fondement.

Question de C. Sèze-Goismier (OSUNA) :

Y a-t-il, pour les collectivités territoriales, un recours contre l'Etat ou des services de l'Etat si un défaut d'information a eu lieu au moment du transfert du terrain?

Réponse de G. Audrain-Demey :

La loi ALUR de 2014 prévoit que « l’État élabore, au regard des informations dont il dispose, des secteurs d’information sur les sols qui comprennent les terrains où la connaissance de la pollution des sols justifie, notamment en cas de changement d’usage, la réalisation d’études de sols et de mesures de gestion de la pollution pour préserver la sécurité, la santé ou la salubrité publique et l’environnement » (article L125-6 du code de l’environnement). Si l’Etat a omis d’informer les collectivités territoriales de la situation d’un site, alors qu’il disposait des informations nécessaires, sa responsabilité pourrait probablement être engagée devant le juge administratif.

Question de M. Bourgoin (DREAL Hauts-de-France) :

Quel est le rôle de la DREAL concernant la séquence ERC de nouvelle implantation sur un site pollué ?

Réponse de G. Audrain-Demey :

La DREAL a un rôle de contrôle des sites occupés ou anciennement occupé par les installations classées pour la protection de l'environnement. Je n’en connais pas entièrement la nature, mais il est très probable que le rôle de remontée d’information soit considérable, particulièrement concernant les secteurs d’information sur les sols de l’article L125-6 du code de l’environnement.


Intervention de F. Eyrolle (IRSN) et d'O. Peron (IMTA-SUBATECH) « Spéciation du tritium organiquement lié dans l'environnement »

Question de Damien R. :

"Le tritium intègre la matière organique mais ne se bio-accumule pas": n'y a-t-il pas un doute là-dessus dans le livre blanc du tritium (ASN) suite à des observations au Royaume-Uni (Sellafield) ?

Réponse de F. Eyrolle :

Oui il y avait un doute c'est pour cela que l'ASN a recommandé des recherches sur le sujet. Aujourd'hui, il n'y a plus de doute, les résultats scientifiques sont clairs. L'apparente bioaccumulation n'est pas, il s'agit de rémanence.

Question d’A. Kohli (Univ. Eiffel) :

Où peut-on retrouver des anomalies en trititum (TOL-NE) dans le bassin versant de la Loire et quelle évolution temporelle ? Quels types d'échantillons sont utilisés ?

Réponse de F. Eyrolle :

L'IRSN a produit un rapport public sur le sujet en 2017 : https://www.irsn.fr/FR/expertise/rapports_expertise/surveillance-environnement/Pages/IRSN_Rapport-Tritium-2017_PRP-ENV-SERIS-2017-00004.aspx#.YLYl2iJOJXY

Un exemple de TOL-NE dans les poissons de la Loire est présenté en page 39 de ce rapport. Il y a des anomalies dans le Rhône mais pas dans la Loire.

Les chroniques de TOL-NE dans la Loire ont été reconstruites très récemment pour les cent dernières années à partir d’archives sédimentaires (Eyrolle F., Copard Y., Lepage H., Ducros L., Morereau A., Grosbois C., Cossonnet C. GURRIARAN R., Booth S., Desmet, M., 2019, Evidence for tritium persistence as organically bound forms in river sediments since the past nuclear weapon tests,  Scientific reports, 9, 11487).

Intervention de T. Lebeau (Univ.Nantes-LPG, OSUNA) « Concilier les contraintes du phytomanagement avec celles de la gestion et de l'usage des sites : exemples tirés de POLLUSOLS »

Question de M. Bourgoin (DREAL Hauts-de-France) :

N'y-a-il pas d'obligation / limitation réglementaire(s) à respecter avant l'implantation de jardins potagers urbains ?          

Réponse de M. Hamono (ARS Pays de Loire) :

Il n'y a pas de valeurs réglementaires à respecter pour l'implantation de jardins urbains. Quant aux PLU, ils peuvent limiter l'implantation de jardins urbains dans certaines zones sous réserve que les pollutions ou anomalies soient connues.

Question de M. Bourgoin (DREAL Hauts-de-France) :

Quels délais pour atteindre les résultats de l’expérimentation présentée (thèse J. Garraud) ?

Réponse de T. Lebeau :

2 saisons culturales pourraient permettre d’extraire le Cuivre biodisponible. Tout dépendra des performances des plantes au champ. Une sélection de plantes est actuellement en cours au laboratoire.

Question d’A. Kohli (Univ. Eiffel) :

Les substances humiques naturelles pourraient-elles former un complexant assez fort pour augmenter le transfert de Pb dans la tige des tomates ? Les concentrations nécessaires seraient sans doute très importantes.

Réponse de T. Lebeau :

C’est une question qui se pose. Des expériences avec l’apport au sol de thés de compost sont actuellement menées par des chercheurs. La thèse de Justine Garraud (LPG-Univ Nantes) porte à la fois sur la complexation des métaux (cuivre) par des sidérophores bactériens pour la mobilisation du cuivre à partir des phases porteuses du sol puis à la décomplexation des complexes sidérophores-cuivre mais aussi d’autres complexes (matière organique dissoute-cuivre) présents dans la solution du sol de façon à augmenter la fraction libre du cuivre (Cu2+), fraction phytodisponible.

Question de J.M. Triniol (APAVE):

La compatibilité sanitaire est-elle étudiée uniquement vis-à-vis de l'ingestion des légumes ou l'ingestion/l'inhalation de poussières est-elle également prise en compte lors du jardinage (contact et mise en suspension des sols) ?

Réponse de T. Lebeau :

Dans l’EQRS, l’ingestion de terre (Ex : porter main-bouche chez les enfants) et l’inhalation sont pris en compte.

Question de T. Guiraud (Bordeaux Sciences Agro) :

La production de litière végétale (potentiellement riche en métaux phytoextraits) n’est-elle pas compliquée à gérer? Dans un article de phytoremédiation avec des arbres, les auteurs retrouvaient "leurs métaux" dans les feuilles mortes. J'imagine que pour une gestion agricole, avec moisson de la biomasse, c'est gérable mais pour les parcelles laissées librement aux bons soins de plantes remédiatrices, les contaminants retournent dans le milieu, non ?

Réponse de T. Lebeau :

Effectivement, si la biomasse ayant accumulé les métaux n’est pas exportée hors de la parcelle (Ex : feuilles mortes à l’automne qui tombent sur le sol), les métaux retourneront au sol. Leur spéciation, et donc leur biodisponibilité, peut néanmoins changer (+ ou – biodisponible).


Intervention d'A. Zalouk Vergnoux et de L. Poirier (Univ.Nantes-MMS) « Contaminants émergents en estuaire de la Loire : bioaccumulation et effets chez des espèces sentinelles »

Question de B. Muresan (Univ. Eiffel) :

Pensez-vous qu'il soit possible d'appliquer les techniques isotopiques de traçage aux terres rares?

Réponse de L. Poirier :

Oui pour certains, il existe par exemple des travaux récents sur les isotopes du Nd.

Question de C. Le Guern (BRGM) :

Y a-t-il un gradient de terre rare en lien avec teneur en Ca ? Et la masse molaire des terres rares ?

Réponse de L. Poirier :

Bonne question, ce serait effectivement intéressant à regarder !

Question de S. Lery (GIP Loire Estuaire) :

Y a-t-il eu des mesures de sédiments associées aux mesures sur les anguilles?

Réponse de L. Poirier :

Des mesures ont été réalisées dans les sédiments des vasières intertidales (même sites et même périodes). Les variations spatio-temporelles observées dans les anguilles n'ont pas été retrouvées dans les sédiments. Ces constats renforcent l'intérêt d'utiliser le vivant pour la surveillance de ces éléments métalliques dans un système très dynamique comme l'estuaire, cela permet aussi d'apprécier la biodisponibilité.

Question de T. Guiraud (Bordeaux Sciences Agro) :

Vous savez si la capacité à accumuler les terres rares dans les gonades femelles se retrouve dans d'autres espèces (esturgeons, truites qui sont valorisées pour leur caviar) et pour d'autres polluants ?

Réponse de L. Poirier :

Pour le moment, pour les terres rares, on ne sait pas. Nous sommes en train d'étudier d'autres espèces de poissons de l'estuaire et marines pour savoir si ce phénomène est retrouvé. Concernant d'autres polluants, oui ce phénomène d'accumulation dans les gonades existe chez l'anguille. Il a été montré pour les PCB, notamment.

Question de M. Bourgoin (DREAL Hauts-de-France) :

comment explique-t-on finalement cette consommation très stable du plastique en Europe (par rapport au reste du monde) ?

Réponse d’A. Zalouk :

Je pense que c’est un pur hasard ! Les méthodes de prélèvement, de préparation d’échantillons et d’analyse mènent à des variabilités très importantes.

Question de D. Ferreira Araujo (IFREMER)

Y a-t-il une caractérisation de la fraction biodisponible des terres rares dans les sédiments de la Loire? Elle pourrait expliquer le transfert de ces éléments pour le biote.

Réponse de L. Poirier :

Nous avons commencé à caractériser la fraction biodisponible dans les sédiments de Loire. Il existe effectivement des différences intersites.

Question de T. Lebeau (Univ. Nantes) :  

Est-ce que les microplastiques sont connus pour être de bons sorbants des métaux et, dans l'affirmative, les plastiques contribuent-ils alors significativement au transport des métaux dans l'environnement ?

Réponse de M. Louzon (Le Mans Université / Lab Biosse) :

Oui, il a déjà été montré que les microplastiques contribuent au transport des métaux dans les environnements notamment marins (cf à titre d'exemple : https://doi.org/10.1016/j.ecss.2015.12.003)

Réponse de M. Gautier (INSA Lyon) :

En effet, plusieurs travaux sur ce sujet ces derniers temps, ça représente un intérêt scientifique important.

Question de P. Mestayer :

Si on rapporte à 1 kg de matière ingérée et non au g on voit des nombres considérables !!

Réponse d’A. Zalouk :

Oui effectivement, et il ne s’agit ici que d’une seule voie d’ingestion par consommation de bivalves. Il y a des particules de plastique dans de nombreuses autres denrées alimentaires et dans les eaux de boisson également.


Intervention d'H. Roussel (ADEME) « Synthèse et perspectives »

Question de M. Bourgoin (DREAL Hauts-de-France) :

Quelles solutions fiables pour la réhabilitation des friches polluées issues non seulement d'anciens sites industriels miniers / ICPE mais aussi du recyclage du foncier déjà artificialisé (commercial, équipements, habitats (mise en sécurité par ADEME suffisante ?) ?

Réponse d’H. Roussel :

Effectivement le recyclage du foncier est primordial pour éviter l’artificialisation des sols et le rôle du Plan de Relance est de redynamiser cette thématique. L’ADEME intervient comme porteur de l’appel à projet pour les travaux et les études sur les friches ICPE polluées mais les Préfets portent l’appel à projet sur les autres types de foncier. Ce sont près de 550 projets qui seront cofinancés cette année. Le fond Ademe permettra de financer 111 projets :

-36 projets financés pour des « travaux », représentent au total 165 ha de friches traitées et génèreront près de 300 000 m² de logements et plus de 400 000 m² de surfaces économiques ;

-75 projets financés pour des « études ».

La liste des lauréats est consultable ici : https://www.ecologie.gouv.fr/laureats-du-fonds-recyclage-des-friches. Ces appels à projets seront relancés d’ici fin 2021 pour un financement 2022.

En parallèle l’ADEME intervient comme maitre d’ouvrage sur les sites ICPE à responsables défaillants et présentant une menace grave pour l’homme et pour l’environnement, selon la circulaire du 26 mai 2011, afin de réaliser la mise en sécurité. Pour plus d’information vous pouvez consulter la page web : https://www.ademe.fr/expertises/sols-pollues/dossier/modalites-dintervention-lademe/operations-mise-securite-sites-pollues-a-responsable-defaillant.

Mis à jour le 21 juin 2021.