RS2E sous-action 3.1.1

Axe 3 : État de pollution des sols des bassins versants proches

Gilles Montavon 
Action 3.1 Caractérisation & quantification Cécile Le Guern
sous-action 3.1.1 Analyse des eaux Cécile Le Guern


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L'analyse des eaux concerne l'ancienne décharge de la Prairie de Mauves. L'objectif était de poursuivre le suivi de la qualité des eaux souterraines afin d'apporter une première approche des apports potentiels de polluants à la Loire (cf. Axe 2). La première étape a consisté à optimiser le réseau de surveillance des eaux souterraines (financement IRSTV, 2012). En plus des campagnes régulières de suivi des niveaux d'eau et des paramètres non conservatifs sur l'ensemble du réseau, cinq points d'eau (sur la vingtaine du réseau de surveillance en place) ont été échantillonnés spécifiquement pour des analyses chimiques complètes : un en amont hydraulique de la décharge, deux au cœur de la décharge, et deux en aval hydraulique rapproché et éloigné. Les prélèvements ont été réalisés en hautes eaux et basses eaux sur 2 années hydrogéologiques (2013-2014 et 2014-2015), parallèlement à un enregistrement horaire des niveaux d'eau. Le panel de substances émergentes analysées comprend 30 substances médicamenteuses, 8 autres substances émergentes et 223 phytosanitaires. Le programme analytique intègre également des éléments métalliques, les HAP et les PCB, soit au total plus de 300 paramètres.










Exemple de conditionnement et de préparation des échantillons in situ lors du prélèvement d'eau souterraine.


Les résultats de suivi des eaux souterraines ont montré que le panache de polluants atteint la Loire : la conductivité va de 4000 µs.cm-1 dans la décharge à 1700 µS.cm-1 près de la berge (500 µs.cm-1 dans le fleuve). Le degré de contamination apparaît toutefois modéré, avec la présence de majeurs (ammonium, sulfates, nitrates ...), de micropolluants inorganiques (métaux et métalloïdes comme Ni, Zn et As) et organiques (HAP et certains PCB). Par rapport aux fortes teneurs rencontrées dans les lixiviats de la décharge, une forte atténuation naturelle se produit lors du transfert dans les eaux souterraines.

Les résultats d'analyses montrent par ailleurs que la décharge représente une source de pollution aux substances médicamenteuses, phytosanitaires et autres émergents. Onze substances médicamenteuses en particulier ont été quantifiées dans les lixiviats de la décharge (Diclofenac, Ibuprofene, Kétoprofène, O-desméthyl naproxène, Diazepam, Furosémide, Carbamazepine, Clotrimazole, Acide fenofibrique, Bezafibrate, Gemfibrozil), 4 autres substances émergentes (bisphénol A, benzotriazole, tolyltriazole, triclosan), ainsi que 6 substances phytosanitaires (chlorprophame, diphenylamine, mecoprop, oxadiazon, oxadixyl, thiabendazole). Ces molécules appartiennent à différentes familles comme les analgésiques, les hypolipémiants et les perturbateurs endocriniens. La plupart de ces substances sont retrouvées dans les eaux souterraines en aval immédiat du site à des teneurs généralement supérieurs à 0.1 µg/l. Les teneurs dépassent 1 µg/l pour l'ibuprofène et le kétoprofène, et 10 µg/l pour le bisphénol A. Le nombre de molécules détectées apparait en revanche restreint en aval éloigné (bisphénol A, diclofénac notamment, Figure ci-dessous), semblant indiquer une forte atténuation naturelle lors du transfert dans la nappe, comme pour les autres substances.


Comparaison des teneurs en substances médicamenteuses et bisphénol A le long du profil hydraulique (amont, aval immédiat et éloigné de la décharge) avec celles des lixiviats au cours des 4 campagnes d'analyses (LQ : limite de quantification)




Publication


Le Guern C., Béchet B., Minet L. Lépinay A., Conil P., Transfert de substances émergentes dans les eaux souterraines depuis une ancienne décharge (Nantes, France), Journées du SHF, 19-20 mai 2016. Actes.
Mis à jour le 20 juin 2016.